Le programme de réhabilitation de l’habitat s’est déroulé en 3 phases successives complémentaires qui ont permis de réhabiliter près de 732 chantiers et de structurer 521 groupements d’épargne soit 12 000 membres au sein d’une fédération habitante dans la banlieue de Dakar, les régions de Thiès et Louga.

BAILLEURS : Fédération Genevoise de Coopération, Fédération Vaudoise de Coopération et Fondation Abbé Pierre, SDI

PARTENAIRE : urbaMonde

HISTORIQUE : Ce programme est né d’une initiative des habitants de Djiddah Thiaroye en 2007 organisés au sein du Collectif des Associations pour le Développement de DTK (CADDTK), qui ont sollicité l’appui de l’ONG suisse urbaMonde dans le cadre de l’amélioration de leurs conditions de vie en particulier concernant les problèmes liés aux inondations. Cette initiative a permis la réalisation d’un travail d’analyse et un diagnostic qui a permis de créer les conditions cadres nécessaires au lancement du programme de réhabilitation de l’habitat. Le programme commencé en 2010 a permis d’élaborer - en concertation avec les pouvoirs publics et les habitants - un plan d’urbanisme participatif proposant des solutions pour l’amélioration des conditions de vie des populations. À travers de nombreux ateliers participatifs, les habitants ont pu comprendre les enjeux d’une réflexion urbanistique pour l’avenir de leur commune. Entre autre, le début du programme a vu naître un BMU : Bureau Municipal d’Urbanisme, le premier au Sénégal, avec ses compétences urbaines et cartographiques, le bureau a collecté des données essentielles pour la création de cartes où sont recensées les concessions, les voiries, les établissements publics etc. Fort de cette première expérience réussie, les acteurs du projet ont décidé de continuer l’aventure en appuyant les populations vulnérables à reconstruire durablement leur habitat dégradé par les inondations en se basant sur la capacité financière des habitants et ainsi renforcer leur capacité à agir concrètement sur leur cadre de vie. C’est à travers la Fédération Sénégalaise des Habitants (FSH) que les groupes d’épargne se sont constitués et qu’ils peuvent emprunter auprès du fonds rotatif géré par urbaSEN, un mécanisme de financement solidaire où les membres peuvent emprunter sur acceptation de leurs groupes, de la fédération et de l’équipe technique d’urbaSEN.

Cette méthodologie, inspirée par le réseau Slum Dwellers International, qui soutient des fédérations basées sur le même principe dans plus de 30 pays, fonctionne aujourd’hui de façon impressionnante. Ce projet vise également à renforcer les compétences des artisans locaux. Selon la devise « Reconstruire, c’est bien. Bien construire, c’est encore mieux ! », l’équipe chantier d’urbaSEN a mis en place des mesures pour améliorer la qualité des travaux sur les chantiers de reconstruction. L’une de ces mesures consiste à réaliser chaque mois des formations et ateliers d’échanges autour des bonnes pratiques constructives. L’objectif est double : renforcer les compétences des artisans mandatés par les bénéficiaires du programme tout en sensibilisant les bénéficiaires au domaine de la construction. Au total, 450 artisans ont été formés pour améliorer les techniques de construction. Petit à petit, un travail de renforcement de capacités en gestion administrative et financière s’est vu nécessaire, et avec l’appui de la chargée de l’épargne le fonds rotatif s’est consolidé. Des ateliers de sensibilisation et de formation à l’épargne et au remboursement des prêts ont été organisés pour les bénéficiaires, des comités de crédits ont été créés. La FSH a élargi son intervention géographiquement en intervenant dans les régions de Thiès et Louga et en appuyant des groupements. Dans le cadre du programme, a également été lancé un vaste programme de sécurisation foncière via la délivrance d’Attestation d’Occupation Foncière (AOF). Les AOF sont des documents permettant aux propriétaires de concessions des quartiers informels de prouver qu’ils sont effectivement les propriétaires légitimes des terrains qu’ils occupent. Entre autre elles permettent notamment : d’augmenter la sécurité foncière à court terme, en fournissant une information fiable et opposable sur l’occupant légitime d’une parcelle ; d’améliorer l’efficacité des activités d’autres acteurs (Etat et ONG) en partageant des informations fiables et actualisées, notamment pour déterminer la disponibilité d’assiettes foncières pour les projets d’infrastructure; d’assurer la sécurité foncière à long terme en obtenant une régularisation définitive (l’établissement d’un cadastre non contesté étant l’obstacle majeur à l’entreprise du processus de régularisation au niveau du gouvernement).

Au total, 595 AOF ont été produites durant le programme et cela continue encore dans toute la banlieue. La Fédération Sénégalaise des Habitants a su s’imposer dans la banlieue de Dakar et démontrer la force de son modèle, basé sur l’accompagnement social d’Organisations Communautaires de Bases (OCB) pour la mise en oeuvre d’un urbanisme plus participatif avec un ancrage local, où les habitants sont inclus dans les processus de fabrication de la ville.

L’approche très locale avec des relais communautaires au cœur de la banlieue a fait ses preuves, la Fédération est reconnue par les habitants, les acteurs locaux et institutionnels. Avec urbaSEN, organisation d’appui composée de profils professionnels divers et complémentaires, la Fédération en pleine croissance a réussi sa structuration, sa consolidation et a pu renforcer ses capacités et compétences.